jeudi 4 août 2011

Les scandales vous ensorcellent!

Pour ceux qui pourraient trouver mes opinions déplaisantes, inacceptables, teintées de mégalomanie ou incompatibles avec leur vision personnelle vous pourriez trouver nécessaire de cesser toute connexion avec ce blog.

Comme nous pouvons aisément le remarquer, l'animal humain consacre une attention toute particulière aux scandales qui touchent certains membres de son espèce. Dans notre monde actuel les médias se concentrent fortement sur cet élément du scandale, à forte raison d'ailleurs puisque l'audimat se trouve toujours au rendez-vous. Il y a notamment une complaisance de la part du public à se satisfaire des déboires extérieurs; un comportement qui pousse l'homme à dévaloriser son prochain pour la bonne santé de sa propre estime. Les multiples formes de xénophobies ayant existé tout au long de l'histoire justifient à elles seules le propos.

L'histoire justement nous montre comment des évènements ont pu atteindre des degrés quasi-mythologiques. Des scandales mythiques qui marques les périodes ou les âges: les assassinats, les corruptions, les infidélités. Toutes ces réjouissances font penser aux premiers récits grecs racontant les mésaventures des divinités et héros antiques. Oedipe, meurtrier de son propre père nous renvoie à Brutus et César ou plus proche de nous l'affaire Kennedy nous rappelle Oreste tuant le roi d'Argolide, Egisthe. Le dieu Hermes qui se fait messager et espion a aussi comme attribut la corruption, le scandale du Watergate n'est qu'une réminiscence concrète de sa légende. Bien entendu, inutile de ressortir toutes les infidélités des dieux pour parler d'un des outrages politiques les plus hilarants: Bill Clinton et Monica Lewinsky.

Cependant les scandales d'aujourd'hui sont bel et bien réels. Le sordide et les lubies forment un parfait cocktail d'intrigues, alors si en plus, tous ces engouements s'articulent autour de figures reconnues l'intérêt va en grandissant. Toujours pour rester dans l'esprit grec, nous pouvons dire que la politique et tout ce qui touche à elle devient la suprême catharsis du peuple. Une scène publique où se jouent les règlements de comptes, des débats dans lesquels fusent les répliques cinglantes et où l'on fait écho au tragédies de l'existence. William Shakespeare disait lui-même que la vie se résumait à beaucoup de bruits et de fureurs pour rien.



Si nous voulons adopter un point de vue totalement cartésien nous devons admettre que tous ces évènements, sur un plan objectif, ne sont que des récurrences universelles dans les traits du caractère humain. Nous faisons face à des actes que l'homme accomplit par nature, ou qui ne nous concerne absolument pas. En réalité nous percevons la plupart du temps ces évènements par les médias. L'actualité se veut la focale par laquelle nous percevons des réalités éloignées. Nous voilà à l'heure de l'actualité toute puissante, de par son pouvoir d'influence, détentrice d'informations nous lui accordons inconsciemment trop d'importance.

Les accidents qui nous sont rapportés revêtent indirectement le manteau de l'exagération médiatique. Les catastrophes naturelles, elles, ne requièrent pas cette ampleur artificielle, nous reviendront sur l'impact de tels déchaînements naturels sur l'esprit. Il existe certainement un besoin fondamental chez l'animal humain, celui d'être choqué.

Les journalistes, dans leur jargon, utilisent les termes de faits-divers pour désigner les scandales, les accidents et les catastrophes. Faire du sensationnel garantie une part de leur succès. L'accaparement d'un sujet tel que celui du procès de DSK par exemple peut avoir causé un engouement général de la part de la population. Cependant, l'unique raison de cet élan quasi-dramatique n'est pas exclusivement dû aux journalistes.



Certes, les médias détiennent le pouvoir d'amplifier les évènements. Il arrive toutefois que ces seuls évènements en question subjuguent l'esprit humain, laissant une empreinte dans le mental de l'homme. Son imagination faisant le reste, il peut ériger cet événement en monument dans sa pensée et ainsi, comme expliqué précédemment, donner une substance subjective à un phénomène objectif. La mécanique est la même que pour les phobies. Nous imaginons aisément pourquoi les populations anciennes associaient les catastrophes naturelles à des punitions divines. Pour revenir sur les scandales, il s'agit de fascination sur une conscience collective. Poussée à son extrême cette faculté d'accorder à la réalité trop de sens subjectif mène au désastre. Le cas a été vérifié en Allemagne un peu avant 1933 jusqu'à l'heure actuelle dans quelques cervelles arriérées.

Il est possible d'identifier ces constructions mentales. Evidemment tout se déroule au niveau des affectes. Il ne faudrait pas rester insensible à tout ce qui se déroule autour de nous mais préserver une vision claire du monde. Nous devons nous rendre compte que notre intellect soumet à notre conscience une imitation, souvent inexacte, de la réalité.

Tout ce qui fait la particularité de l'animal humain réside en cette dynamique de la structure imaginaire. Grâce à l'imagination nous créons un cadre conceptuel afin de nous repérer. Hélas l'esprit créatif ne se suffit pas à lui-même et nécessite une réalité tangible sur laquelle s'appuyer. Les influences qui inspirent notre imaginaire s'inscrivent sur tout ce que nous percevons par nos cinq sens. Si l'homme réclame des scandales afin d'échapper à la monotonie, son imagination donnera une saveur spéciales à des faits objectifs qui ne le regardent pas du tout à priori, le travail des médias ne fait que renforcer cette perspective. Ce n'est pas le seul domaine où se procédé s'applique car malgré ses effets parfois pervers elle génère aussi les impressions, l'art et les passions amoureuses. Et mis à part quelques personnes maitrisant les parties occultes de l'univers qui résiste à ces dominations si séduisantes ?



lundi 1 août 2011

Ode à un Misanthrope

"Le soleil noir se lève" - Death in June and Boyd Rice (Alarm Agents)

Pour toi le décret a été rendu, ton visage ne pâlit pas mais par révolte, tu lances tes blasphèmes. Tu n'as que faire de la pitié des hommes, tu as resserré le noeud de ta dureté; la substance de ta propre existence. Tes lèvres laissent échapper des souffles toxiques; un froissement de silence dans le refuge des profanes et des expiés.
Tu t'enorgueillis de tes écorchures sauf que l'être humain, dans sa simplicité, t'inspire un dégoût qui t'accable d'amertumes. Quelques bruissements te font tressaillir toutefois: l'écho des jours perdus, seuls des paysages monotones peuvent encore te réconforter. Tu observes le cortège des misérables pour railler l'hypocrisie des mondes car au fond tu exiges l'honnêteté du vice même chez les affables.
Sur tes paumes se dessinent avec le temps des plaies tracées par le poignard comme si elles pouvaient conjurer ton intrinsèque bienveillance. Sur ta face des traits grossiers soulignent des tourments haineux qui chassent les bonheurs défunts, legs d'une vie antérieure. Ton tombeau est la fosse de l'humanité, le diadème de ton ultime projet. Tu restes le fer de lance d'une entreprise post-mortem.

Pourtant, il y a chez toi ce désir d'immortalité quand ta plume inscrit des mots évoquant de glauques pensées. Une raison furieuse obstine ton esprit à se cloîtrer en compagnie de ces ouvrages écris aujourd'hui par des morts. Fou de Nécromancien, en lisant ces oeuvres et en pérennisant les idées de leurs auteurs tu te fais le digne héritier des Rois philosophes.
Tu extorques des téméraires leur enthousiasme, les silhouettes tordues des princes déchus déclinent toujours plus sous tes regards austères. Le dédain des femmes à ton égard t'oblige à les imaginer trainées dans la fange de leur bêtise. Tu refuses heureusement d'incarner la victime de telles duplicités préférant la langueur du lyrisme qui appartient à tes amours passées.
Tu portes les marques du sacrilège, tes paroles vertigineuses et pleines de stupres assassinent les dévots, idolâtres de la bienséance. Toi, destructeur des passions stériles qui naissent chez ceux pour qui l'amour n'est que le simulacre de leurs idéaux enfantins: dans tes veines coule le sang de Caïen, le fléau affligé de la race des hommes et ennemi éternel des sociétés asservies.