jeudi 17 novembre 2011

L'errance


Me voici dans le royaume de l'errance, au-delà des peuples aveugles vautrés dans l'obstination du gain. Ici il n'y a qu'un désir; celui de se perdre, paradis de l'immodération et de l'éternel chaos. Je me voue au hasard, dieu de l'inconstance et de l'oubli avec lequel j'esquisse mon insolence.

C'est un voyage périlleux, en tout point, que j'entreprends jusqu'aux frontières de l'impensable. A la découverte de la pure indolence, les promesses d'une paresse rigoureuse mais impermanente. Voilà ma liberté, juste une soulagement final qui augure le meilleur et le pire de ce monde.

Tous avant moi ont rêvé d'orient et de ses déserts du sacré, de cet abandon dans la damnation du corps et dans le salut de l'âme. J'aime tout autant ces pays de l'interdit, vers les bannissements de la raison, l'endormissement des sens. J'irai bientôt sur ces terres de la conscience pour percer les mystères du lointain, pour devenir cette entité de la désincarnation.

mardi 15 novembre 2011

L'impossible adieu

ADIEU

L'automne déjà ! — Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, — loin des gens qui meurent sur les saisons.
L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le cœur, étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment... J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! J'exècre la misère.
Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort !
— Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !
Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !
Suis-je trompé, la charité serait-elle sœur de la mort, pour moi ?
Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.
Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?


Oui, l'heure nouvelle est au moins très sévère.
Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, — des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. — Damnés, si je me vengeais !
Il faut être absolument moderne.
Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.
Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
Que parlais-je de main amie ! un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, — j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; — et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.





Enfants de la paresse



COME BACK

vendredi 16 septembre 2011

Impressions d'un jour ou temps de parole de mon "âme" ou énième exercice d'écriture automatique

Le souvenir s’éloigne tandis que les brutalités barbares frappent durement les sentiments enthousiastes. Les rêveries éparses inondent les coeurs résignés. Ce sont là les complaintes d’une âme renonciatrice. Elle n’a cure de ses semblables, perdue à jamais dans les limbes de son infinité. Les rires ne perdurent plus, préoccupée par une errance de promeneuse. Jouisseuse invétérée des calomnies de la perdition. Médium de la calamité, ses songes nourrissent la cervelle lascive des vierges. Source corruptible des fantasmes puériles, cet esprit palpable caresse les ambitions de la luxure acharnée.

C’est cette même âme qui fait que les noirs cyprès étalent leur ombre sur ces filles fiévreuses et ennuyées. L’onde, douce et folâtre, caresse leurs palpitations et s’évanouit dans le creux du secret. Elle est l’ennemi des spectres irisés et traîne son voile de mensonge pour souiller la pureté de la sincérité. Elle transgresse les remparts, fuit l’horizon lumineux pour des consolations nocturnes.

Aussi, elle observe les corps emprisonnés, condamnés à l’entrave; les étudiants du força. Elle rit devant la velleité des sourires moqueurs. Avec sa tendance assassine elle poignarde le bonheur des amants ingrats. Elle prétend à l’élévation de l’orgueil et elle émonde les couleurs de la joie. Elle sacrifie son honnêteté pour embrasser l’ardeur de l’impiété. Elle est marié à la tyrannie.

Elle dit souvent que la fange est votre tombeau, sanctuaire d’un repos bâtard. Elle vous plonge dans la crasse d’une nostalgie risible. Elle vous traite d’anges faméliques à l’existence désuète. Elle hante votre décence, elle saccage vos espérances. Vos illusions sont bercée par le relent de vos échecs.Votre avenir semble destiné au carnage de sa sociopathie.

jeudi 4 août 2011

Les scandales vous ensorcellent!

Pour ceux qui pourraient trouver mes opinions déplaisantes, inacceptables, teintées de mégalomanie ou incompatibles avec leur vision personnelle vous pourriez trouver nécessaire de cesser toute connexion avec ce blog.

Comme nous pouvons aisément le remarquer, l'animal humain consacre une attention toute particulière aux scandales qui touchent certains membres de son espèce. Dans notre monde actuel les médias se concentrent fortement sur cet élément du scandale, à forte raison d'ailleurs puisque l'audimat se trouve toujours au rendez-vous. Il y a notamment une complaisance de la part du public à se satisfaire des déboires extérieurs; un comportement qui pousse l'homme à dévaloriser son prochain pour la bonne santé de sa propre estime. Les multiples formes de xénophobies ayant existé tout au long de l'histoire justifient à elles seules le propos.

L'histoire justement nous montre comment des évènements ont pu atteindre des degrés quasi-mythologiques. Des scandales mythiques qui marques les périodes ou les âges: les assassinats, les corruptions, les infidélités. Toutes ces réjouissances font penser aux premiers récits grecs racontant les mésaventures des divinités et héros antiques. Oedipe, meurtrier de son propre père nous renvoie à Brutus et César ou plus proche de nous l'affaire Kennedy nous rappelle Oreste tuant le roi d'Argolide, Egisthe. Le dieu Hermes qui se fait messager et espion a aussi comme attribut la corruption, le scandale du Watergate n'est qu'une réminiscence concrète de sa légende. Bien entendu, inutile de ressortir toutes les infidélités des dieux pour parler d'un des outrages politiques les plus hilarants: Bill Clinton et Monica Lewinsky.

Cependant les scandales d'aujourd'hui sont bel et bien réels. Le sordide et les lubies forment un parfait cocktail d'intrigues, alors si en plus, tous ces engouements s'articulent autour de figures reconnues l'intérêt va en grandissant. Toujours pour rester dans l'esprit grec, nous pouvons dire que la politique et tout ce qui touche à elle devient la suprême catharsis du peuple. Une scène publique où se jouent les règlements de comptes, des débats dans lesquels fusent les répliques cinglantes et où l'on fait écho au tragédies de l'existence. William Shakespeare disait lui-même que la vie se résumait à beaucoup de bruits et de fureurs pour rien.



Si nous voulons adopter un point de vue totalement cartésien nous devons admettre que tous ces évènements, sur un plan objectif, ne sont que des récurrences universelles dans les traits du caractère humain. Nous faisons face à des actes que l'homme accomplit par nature, ou qui ne nous concerne absolument pas. En réalité nous percevons la plupart du temps ces évènements par les médias. L'actualité se veut la focale par laquelle nous percevons des réalités éloignées. Nous voilà à l'heure de l'actualité toute puissante, de par son pouvoir d'influence, détentrice d'informations nous lui accordons inconsciemment trop d'importance.

Les accidents qui nous sont rapportés revêtent indirectement le manteau de l'exagération médiatique. Les catastrophes naturelles, elles, ne requièrent pas cette ampleur artificielle, nous reviendront sur l'impact de tels déchaînements naturels sur l'esprit. Il existe certainement un besoin fondamental chez l'animal humain, celui d'être choqué.

Les journalistes, dans leur jargon, utilisent les termes de faits-divers pour désigner les scandales, les accidents et les catastrophes. Faire du sensationnel garantie une part de leur succès. L'accaparement d'un sujet tel que celui du procès de DSK par exemple peut avoir causé un engouement général de la part de la population. Cependant, l'unique raison de cet élan quasi-dramatique n'est pas exclusivement dû aux journalistes.



Certes, les médias détiennent le pouvoir d'amplifier les évènements. Il arrive toutefois que ces seuls évènements en question subjuguent l'esprit humain, laissant une empreinte dans le mental de l'homme. Son imagination faisant le reste, il peut ériger cet événement en monument dans sa pensée et ainsi, comme expliqué précédemment, donner une substance subjective à un phénomène objectif. La mécanique est la même que pour les phobies. Nous imaginons aisément pourquoi les populations anciennes associaient les catastrophes naturelles à des punitions divines. Pour revenir sur les scandales, il s'agit de fascination sur une conscience collective. Poussée à son extrême cette faculté d'accorder à la réalité trop de sens subjectif mène au désastre. Le cas a été vérifié en Allemagne un peu avant 1933 jusqu'à l'heure actuelle dans quelques cervelles arriérées.

Il est possible d'identifier ces constructions mentales. Evidemment tout se déroule au niveau des affectes. Il ne faudrait pas rester insensible à tout ce qui se déroule autour de nous mais préserver une vision claire du monde. Nous devons nous rendre compte que notre intellect soumet à notre conscience une imitation, souvent inexacte, de la réalité.

Tout ce qui fait la particularité de l'animal humain réside en cette dynamique de la structure imaginaire. Grâce à l'imagination nous créons un cadre conceptuel afin de nous repérer. Hélas l'esprit créatif ne se suffit pas à lui-même et nécessite une réalité tangible sur laquelle s'appuyer. Les influences qui inspirent notre imaginaire s'inscrivent sur tout ce que nous percevons par nos cinq sens. Si l'homme réclame des scandales afin d'échapper à la monotonie, son imagination donnera une saveur spéciales à des faits objectifs qui ne le regardent pas du tout à priori, le travail des médias ne fait que renforcer cette perspective. Ce n'est pas le seul domaine où se procédé s'applique car malgré ses effets parfois pervers elle génère aussi les impressions, l'art et les passions amoureuses. Et mis à part quelques personnes maitrisant les parties occultes de l'univers qui résiste à ces dominations si séduisantes ?



lundi 1 août 2011

Ode à un Misanthrope

"Le soleil noir se lève" - Death in June and Boyd Rice (Alarm Agents)

Pour toi le décret a été rendu, ton visage ne pâlit pas mais par révolte, tu lances tes blasphèmes. Tu n'as que faire de la pitié des hommes, tu as resserré le noeud de ta dureté; la substance de ta propre existence. Tes lèvres laissent échapper des souffles toxiques; un froissement de silence dans le refuge des profanes et des expiés.
Tu t'enorgueillis de tes écorchures sauf que l'être humain, dans sa simplicité, t'inspire un dégoût qui t'accable d'amertumes. Quelques bruissements te font tressaillir toutefois: l'écho des jours perdus, seuls des paysages monotones peuvent encore te réconforter. Tu observes le cortège des misérables pour railler l'hypocrisie des mondes car au fond tu exiges l'honnêteté du vice même chez les affables.
Sur tes paumes se dessinent avec le temps des plaies tracées par le poignard comme si elles pouvaient conjurer ton intrinsèque bienveillance. Sur ta face des traits grossiers soulignent des tourments haineux qui chassent les bonheurs défunts, legs d'une vie antérieure. Ton tombeau est la fosse de l'humanité, le diadème de ton ultime projet. Tu restes le fer de lance d'une entreprise post-mortem.

Pourtant, il y a chez toi ce désir d'immortalité quand ta plume inscrit des mots évoquant de glauques pensées. Une raison furieuse obstine ton esprit à se cloîtrer en compagnie de ces ouvrages écris aujourd'hui par des morts. Fou de Nécromancien, en lisant ces oeuvres et en pérennisant les idées de leurs auteurs tu te fais le digne héritier des Rois philosophes.
Tu extorques des téméraires leur enthousiasme, les silhouettes tordues des princes déchus déclinent toujours plus sous tes regards austères. Le dédain des femmes à ton égard t'oblige à les imaginer trainées dans la fange de leur bêtise. Tu refuses heureusement d'incarner la victime de telles duplicités préférant la langueur du lyrisme qui appartient à tes amours passées.
Tu portes les marques du sacrilège, tes paroles vertigineuses et pleines de stupres assassinent les dévots, idolâtres de la bienséance. Toi, destructeur des passions stériles qui naissent chez ceux pour qui l'amour n'est que le simulacre de leurs idéaux enfantins: dans tes veines coule le sang de Caïen, le fléau affligé de la race des hommes et ennemi éternel des sociétés asservies.


mardi 26 juillet 2011

hommage

La lésine a envahi les corps décrépis et son odieuse puanteur pénètre les beautés devenues gerçures. Tu es face à moi, regardant l'océan d'un air plein d'énigmes, pourtant je peux déjà sentir le poison de nos désirs. Nous avons vécu une fragile clandestinité et plus rien désormais ne saurait rattraper l'intensité de notre chute.

Les remords imprègnent les souvenirs, une contamination ingrate qui afflige notre dignité. Il est trop tard pour se repentir et ta froideur devant cette triste étendue m'éloigne des passions éperdues. Et de plaintes sempiternelles ton sanctuaire s'inonde, remplaçant tes parfums que tu aimais tant.

Au large le jour s'éclipse mais tes yeux ont depuis longtemps négligé sa lueur pour refléter la noirceur du reproche. N'aie crainte, je me suis débarrassé des chimères qui nous assuraient un avenir promit à l'avortement.
Amour, sans cesse ce mot là à la bouche; étreins-tu ta douleur ? Connais-tu ta joie ? Réponds-y avant que ton Ennui ne te noie dans cet océan d'oubli qui nous fait face.


lundi 25 juillet 2011

Exercice (6) d'écriture automatique etc...

Le bleu fuyard guette l'horizon nocturne pour embrasser la noirceur de nos viles pensées. Le murmure des orages transporté par des vents infâmes transperce le silence de la nuit. Ce vacarme discret nourrit les pleurs d'une conscience apeurée devant l'étendue de l'inconnu qui le submerge. C'est un paradis mutique situé entre les espaces de la réalité, tranchée par la lame obscure des fantasmes. Un remuement presque inutile pour le voyageur atteint de la fièvre des songes. Un éclair soudain et les froides voluptés s'évanouissent devant lui. Adieu à l'innocence des plaisirs car guidé par cet errant amical le corps s'éveille à des délices torturés. Avec ses sombres vérités il malmène les coeurs fragiles. Le voyageur fiévreux enflamme les langueurs mortes en se promenant sur les plages folles de la mémoire. Les tombes étincelantes brillent de leurs éclats angoissants quand approche le jour vindicatif. Surviennent ainsi d'étranges Furies qui prennent naissance au-delà des sphères célestes. Les yeux se voilent d'illusions infectes. Au loin, le sanglot des muses résonne comme pour étouffer le rire moqueurs des ignares. Alors les hommes sincères avancent dans le cercle pour ressentir le rythme de l'éternité. L'azur se déchire et le crépuscule dérobe les couleurs lumineuses d'un temps révolu. Les êtres de nature parfaite et morne frissonnent de mélancolie. Les fables dépérissent et disparaissent. Et sous le ciel des nuits hâves le voyageur fiévreux poursuit les âmes abimées pour la consolation.

Tu pourras toujours mépriser ces mots de désespoir, ils sont le reflet de ta perdition, de ton insolence amère, de l'époque où je valorisais tes charmes. J'ai anéanti ta léthargie inassouvie pour des sentiments incorruptibles. Et malgré ton absence tu demeures un dictame insensé.


vendredi 22 juillet 2011

Exercice d'écriture automatique pour une conscience altérée

L'oubli, qu'elle en soit certaine, cela la concerne. Son visage à lui se noie sous le flot continu de sa nouvelle vie à elle. Ces instants qui leur appartenaient ont sombré dans le vide de l'oubli. Et lui, toujours étreint par le souvenir cruel, lutte contre des fantômes sans noms. Il se rappelle de ces crépuscules interdits, de ces brises glacées.

Pour elle tout cela ne signifie plus rien; juste le souffle inconnu d'un subconscient qui disparaît. Il hait ses lamentations et trouve refuge en observant d'anciennes images oubliées et ignorées. Il ne rêve plus désormais et appréhende cette existence avec méfiance et ironie. La confiance s'est envolées et une indicible rage a brisé le fardeau d'une tristesse déraisonné.

Un esprit se perd et plonge dans les méandres d'une mémoire saccagée. Il respire le souffre de l'indifférence et vomis ses vapeurs noircies par la rancoeur. Il écrit, encore et toujours pour garder une partie de ce qu'il a perdu, ou est-ce simplement pour ne pas oublier une partie de lui ?

Qu'est cet oubli ? Pourquoi ? Nous disons que la femme demeure un animal comme les autres. Son éloignement déchire l'âme. Idolâtrie malsaine, bientôt cette fureur grandira mais ce bruit, ce bruit, il anéantit aujourd'hui toutes pensées, assujettit le corps à une soumission aveugle et détestable. La solitude paraît si douce et l'oubli dont elle fait preuve lui fait profondément envie; cet effacement pur et simple de l'obsession suffocante.

L'oubli devient consolation, le réconfort d'échapper à la tragédie d'une souffrance complaisante. Il y a de la beauté dans cette fuite vers une paix inaccessible. Il n'y a pas de victoire, pas de salut, pas de providence. Seulement une réalité parfois abjecte et de l'ingratitude.

Un monde d'espoir et de terreur. Se rappelle-t-elle encore de son nom ?


vendredi 24 juin 2011

Aigreur d'un insoumis

Certaines personnes affirment aujourd'hui leur individualité par rapport à un groupe constitué de stéréotypes dans la mesure où ces personnes se confrontent à un manque total d'identité.
Le manque de reconnaissance s'exprime par une volonté d'affirmer sa personnalité. Les premières tentatives surviennent à l'adolescence; une catégorie de la population amusante à observer lorsque celle-ci arbore les extravagances les plus grotesques. Ces fantaisies juvéniles deviennent régulièrement des phénomènes de mode, d'où notre angle d'attaque pour aborder ce sujet cher à la masse informe et stupide: l'identité. L'orgueil demeure le fondement de notre existence, bien entendu le manque de nuance et l'absence de subtilité de la plupart des ratés qui peuplent cette planète font de cet orgueil un fléau. En effet, à la base, l'orgueil/l'ego conditionne notre relation au monde.
Afin de flatter un orgueil/ego souvent appauvrit, l'individu se voit naitre en lui un désir de différenciation. Celui qui se sent insignifiant, qui recherche un sens à sa vie ne ressent pas de désir mais une forte compulsion à acquérir une identité auprès des autres. Cette différence qu'il souhaite afficher aux yeux de tous doit lui permettre de s'intégrer à un groupe d'individus. S'établit naturellement une reconnaissance mutuelle entre les uns et les autres; élément essentiel au bien être de la majorité des personnes absorbées par le flux culturel occidental.
L'animal humain est toujours confronté à une suprême nécessité: les besoins sociaux. Héritiers des comportements ataviques et grégaires, une volonté irrationnelle de se blottir près de l'autre. Pour beaucoup cela s'apparente au besoin (encore ce mot) d'être aimé, certes l'amour se trouve au centre des grandes préoccupations populaires, mais il y a une différence nette entre le sentiment véritable et le semblant d'émotions illusoires que les divertissements médiatiques nous vendent afin de nous rendre totalement infantiles.

Il existe une symbiose plus ou moins paradoxale entre le groupe et le conformiste car c'est sa différence dans son adhésion aux principes communs qui fera son succès, pour faire simple il s'agit de rester originale dans sa perspective d'intégration au groupe. De manière générale et ceci quasi-systématiquement, les groupes d'individus reflètent une tendance, à chaque « clan » la sienne mais tout reste autour d'une mode véhiculée par le courant culturel ambiant. Bien que dans beaucoup de cas cela s'effectue inconsciemment. Il n'y a aucun mystère, la société cherche à nous soumettre à la médiatisation de masse et à l'exploitation mercantile des produits consommables. L'esclavage moderne devient lui-même une tendance: « fashion victim », « shopping », « le travail c'est la santé » etc... Afin de créer cette atmosphère d'insatisfaction perpétuelle la société façonne les désirs (la télévision, la publicité, la radio blablabla...). La musique, telle que nous la connaissons aujourd'hui possède elle aussi un pouvoir d'influence qui va au-delà de la simple distraction. Par exemple, les sons qui nous semblent agréables, les refrains entrainants et les mélodies rythmées (conditions sine qua non pour qu'une musique passe à la radio) ont pour objectif de nous abrutir, de créer une euphorie dans nos esprits. Tout cela a pour effet de d'influencer nos modes de consommation. D'après vous, à quoi sert la musique qui passe dans les supermarchés ou dans la rue pendant les grandes fêtes commerciales déguisées en fêtes de Noël/vacances/congés ?
Toutefois la musique n'est pas la seule forme d'art orthodoxe utilisée dans le but de nous contrôler. Toutes les formes d'art populaires et reconnues caractérisent les tendances et les modes, elles établissent de ce fait des standards comportementaux et esthétiques. Indirectement, ce que dans notre société nous nommons « divertissement » créé un système qui dynamise les attitudes en formant un moule. Ce procédé oriente et prédéfinit nos affinités. De ces façades policées et hypocritement immaculées nait l'idéologie du politiquement correct. Les masses simiesques et insipides, de toute évidence, réclament ces chaines qui asservissent leur personnalité et leurs esprits stériles. Les mouvements rastas, la pop rock, l'hédonisme auto destructeur véhiculé par certaines séries télé et autre films faussement anticonformistes demeurent les signes infaillibles d'une illusion contrôlée. Ces mouvements ne servent qu'à contraster la pensée bourgeoise et conservatrice qui idolâtre la valeur du travail, de l'échine courbée et des moeurs correctes. De la merde...
Bref, tout ce qui cible un ensemble de gens contribue à la fabrication d'un système qui contraint l'individu; ce dernier se perd dans le collectif. Lorsque le groupe subit, d'une manière ou d'une autre, une influence extérieur il devient une entrave à l'expression totale de notre individualité, si du moins on en possède une. J'imagine aisément que Sartre devait savoir que peu de personnes comprendraient sa célèbre phrase: « l'Enfer c'est les autres », tant la sociabilité devient un handicap majeur à la réalisation individuelle. Comprenons bien que l'isolement volontaire, qui demeure un signe de supériorité apparent, n'est pas le désir de tous. De là se distingue une élite naturelle, en réaction à un consensus liberticide.

Au final, le problème vient du simple fait d'un manque flagrant d'imagination de la part des masses. Tous ces gens se focalisent tellement sur le divertissement, sur des éléments les faisant oublier leur néant intérieur que personne ne se rend compte de l'absence de repères identitaires en chacun d'eux. Or il existe des individu qui se démarquent naturellement de leur environnement pour construire leur propre citadelle, ils bâtissent un univers subjectif pour surmonter le dégoût de la réalité sociale. Toutefois la majorité des gens s'attachent toujours aux stéréotypes; les modèles adéquats qui leur permettent de se différentier afin de mieux se conformer. Comme je l'ai déjà expliquer la société a su ériger en tendance sa propre antithèse (des t-shirt à l'effigie de Che Guevara, le signe des Black Panthers récupéré par des mouvements populaires comme le rap...). Ainsi cette accoutumance à la propagande permanente des gouvernants ou des marchands est un caractère que beaucoup d'hommes de pensées ont stigmatisé: Nietzsche, Cioran, Céline, Ionesco, Flaubert, Mencken, Orwell...
Il faut de la méfiance envers les faux, les hypocrites, ceux qui osent endosser le rôle des anticonformistes pour le paraître ou simplement la séduction. Au jour d'aujourd'hui les fraudeurs sont nombreux, la société a déjà calibré ce comportement: assez marginal pour attirer l'attention mais assez bienveillant pour qu'on l'accepte. On les remarque à la dépendance au groupe, ils ont simplement besoin d'un publique pour flatter un ego flétrit. Ces rebelles sans causes acquièrent de la popularité et résultent d'une maladroite application du véritable anticonformisme (pour les détails, voir ceux cités plus haut). Leur manque d'indépendance à la communauté, au social prouve leur bassesse intellectuelle et leur misérable manque d'accomplissement. Avec un peu de chance la consommation de drogues, assez répandues chez eux, fera office de grand nettoyage. Héritage direct des hippies, l'histoire se répète, les destins aussi.
Il est bien évident que les capitalistes encouragent la médiocratie, par contre on ne pourrait pas le leur blâmer. Les éléments qui contribuent à ce nivellement par le bas méritent une considération particulière: la surpopulation, les attitudes compulsives à l'égard de la consommation et les perspectives biaisées sur l'écologie mondiale. J'ai déjà traité plus ou moins ces points dans mes articles précédents (ou dans mes articles futurs). Seulement, constatons l'état actuel des choses, l'occident vit dans une culture de l'esthétique appauvrit, nous n'y pouvons rien et nous ne devons rien faire car le fumier aide à la fertilité. Sur une centaine d'individus qui naissent, un seul bénéficiera de la pathologie d'indépendance et de sentiments élitistes. D'abord reconnaître la grande nécessité du statut-quo et ensuite séparer le bon grain de l'ivraie.