jeudi 23 février 2012

Nemesis


Ton existence est vouée à l'impermanence, le blasphème de ton raisonnement figé. En cette vie nulle sagesse, la plaie de ton obsession ne cesse jamais de se rouvrir comme pour le rappel d'un astre divin et immatériel.Puisque tout se révèle illusion alors même la mort ne trouve guère de sens à tes yeux. Ton indifférence envers les craintes et les angoisses est la voûte des songes salvateurs. Ton apaisement vient par la non forme, l'inconstance de ton amour s'enflamme par la langueur de ton renoncement. Tu aimes l'odeur du vide, l'austère grandeur du gouffre; le berceau de tes renaissances. Vois les illuminations qui s'offrent à toi, écoute l'oracle des damnations et des vertus interdites. Suis la voie de l'idolâtrie égoïste, refuse l'union et embrasse ta volonté, débarrassée des lamentations infantiles. Apprends la connaissance ultime de la réalité, deviens la vérité et ne sois plus le mensonge de ton orgueil apeuré.
J'aperçois l'immensité de l'être imparfait, fait d'éther et de vent, immuable dans le chaos. Un génie effrayant d'inspiration qui habite les corps égarés, avides de continuités malsaines. Une fureur visible et éveillée, elle poursuit les rêves, les transforme en matière, poussières venues de l'espace limpide.
Ce monolithe incarne science et essence de l'esprit, il donne à boire aux lions et aux orphelins. Quel mystère recèle ce bâtiment impalpable, nourricier imperturbable et menaçant. Pour lui, il faut embrasser la noirceur de la méconnaissance et vivre et mourir, et vivre encore.
Devant lui, l'homme se noie dans les dimensions courbes, glorification de son insolence. En ce monde anéantit, les soleils froids caressent inlassablement la peau des exilés. En ces paysages infinis de la mélancolie je marche et n'échappe pas à la nécessaire et envahissante solitude (car en elle se dévoile la consolation.)
*
La terreur se presse, minuit est son heure, elle passe comme l'ombre des espoirs perdus
Les hommes prient la fortune, mais moi je commande aux vents et aux tempêtes de l'âme
Je demeure ici, dans les retraites d'Ephèse aux confins des terres saintes, au seuil du passage
Quelques esprits ont le désir ardent de rester prisonnier de l'ignorance, progéniture de la miséricorde
Descendance corrompue des fils d'Adam, je suis la voie et la lumière qui conduit à la transcendance
J'offre aux infidèles les diamants de l'oubli, pendant que mes élus errent dans les déserts de la clarté
Du chaos émerge la perfection, vérité inavouable pour les enfants du dogme et du désoeuvrement
J'ai appris ces mots que je récite sur les anses d'un amour attaché à la discorde; un privilège que désormais je m'interdis
Mais j'entends toujours ces murmures d'un autre temps qui font que les mots brûlent dans l'extase

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